MALADES MENTAUX ERRANTS DANS LE DISTRICT D’ABIDJAN
Malades mentaux errants dans le district d’Abidjan : Approche criminologique d’un phénomène relativement bien maîtrisé
Wandering mental patients in the district of Abidjan: Criminological approach to a relatively well-understood phenomenon
Enseignant-Chercheur
UFR Criminologie/Université Félix Houphouët-Boigny (UFHB)
Médecin Psychiatre
Institut National de Santé Publique (INSP) Abidjan
Résumé
De nombreuses études et interventions sociales ont été largement circonscrites autour des marginalités dyssociales (délinquance juvénile, jeunes et culture de la rue, violence urbaine, violence dans le milieu des transports). Cependant, elles restent toutes relativement ou totalement muettes, quand il s’agit d’analyser d’une part, la condition des malades mentaux errants dans les espaces publics et de l’autre les interactions entre eux et les membres dits normaux. Cet article vise à connaître successivement les caractéristiques sociodémographiques des malades mentaux errants, les actes criminels commis ou subis et les réactions sociales vis-à-vis d’eux. Il se fonde sur une enquête de terrain menée à travers les treize (13) communes du district d’Abidjan. Les participants à l’étude sont au nombre de 203. Ils ont été choisis à l’aide de la méthode non probabiliste et par choix raisonné. Le recueil des informations s’est fait au moyen d’une étude documentaire, d’entretiens semi-directifs et d’observations directes. L’analyse mixte (quantitative et qualitative) des données recueillies a abouti à un triple résultat : Dans le premier cas, il apparaît que les malades mentaux errants sont des individus de sexe masculin ou féminin, provenant de toutes les communes du district d’Abidjan avec une proportion élevée à Bingerville, Abobo, Adjamé, Yopougon et Anyama. Dans le deuxième cas, les violences verbales, les agressions à mains armées, les coups et blessures volontaires, le trafic de drogues et les meurtres constituent les actes criminels commis par les malades mentaux. Par ailleurs, il apparaît que ces derniers sont victimes d’abus sexuels (les femmes surtout), de crimes rituels et d’accidents. Enfin, l’indifférence, la pitié, la peur, l’agressivité et la colère sont autant de réactions manifestées à leur égard. Une intervention à un triple niveau (politique, économique et social) s’avère nécessaire pour juguler le phénomène des malades mentaux errants dans le district d’Abidjan.
Mots clés : Malades mentaux errants ; Approche criminologique ; District d’Abidjan.
Abstract
Many studies and social interventions have been largely circumscribed around dyssocial marginalities (juvenile delinquency, young people and street culture, urban violence, violence in the transport environment). However, they all remain relatively or totally silent when it comes to analyzing, on the one hand, the condition of the mentally ill wandering in public spaces and, on the other, the interactions between them and the so-called normal members. This article aims to know successively the socio-demographic characteristics of wandering mental patients, the criminal acts committed or suffered and the social reactions towards them. It is based on a field survey conducted through the thirteen (13) communes of the district of Abidjan. The participants in the study are 203 in number. They were chosen using the non-probabilistic method and by reasoned choice. The collection of information was done by means of a documentary study, semi-structured interviews and direct observations. The mixed analysis (quantitative and qualitative) of the data collected led to a triple result: In the first case, it appears that the wandering mental patients are individuals of male or female sex, coming from all the communes of the district of Abidjan with a high propensity in Bingerville, Abobo, Adjamé, Yopougon and Anyama. In the second case, verbal abuse, armed assault, intentional assault and battery, drug trafficking and murder constitute the criminal acts committed by the mentally ill. Moreover, it appears that the latter are victims of sexual abuse (especially women), ritual crimes and accidents. Finally, indifference, pity, fear, aggression and anger are all reactions shown towards them. Intervention at three levels (political, economic and social) is necessary to curb the phenomenon of wandering mental patients in the district of Abidjan.
Keywords: Wandering mental patients; Criminological approach; District of Abidjan.
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