Les logiques du maintien de la division sexuée du travail dans la cacaoculture familiale : une étude de cas à Bonon (Côte d’Ivoire)

The logic of maintaining the gendered division of labour in family cocoa farming: a case study from Bonon (Côte d’Ivoire)

Valérie KOFFI KRA

Université Jean Lorougnon Guédé, Côte d’Ivoire

Email : koffikravalerie@gmail.com

Orcid id: https://orcid.org/0009-0001-3251-5805

 

Résumé : Cet article s’appuie sur le constat du maintien de la division sexuée du travail dans la cacaoculture malgré l’entrée progressive des femmes en qualité d’exploitant propriétaire.  Il se propose d’analyser les logiques qui contribuent à la reproduction de cette division sexuée du travail dans les exploitations agricoles familiales de deux villages du département de Bonon. Le corpus de données est issu des entretiens individuels semi-directifs menés auprès des hommes cacaoculteurs, des épouses de cacaoculteurs et des chefs de communautés autochtones, allochtones et allogènes. Les résultats révèlent, d’une part, que la possession de compétences techniques dans la cacaoculture est associée à la masculinité, tandis que la féminité est reliée à une incompétence technique. Dans les imaginaires des acteurs à l’étude, cette activité est perçue comme un univers masculin qui promeut des valeurs contraires aux valeurs du genre féminin. D’autre part, il ressort que les valeurs de complémentarité fonctionnelle entre les compétences techniques de l’homme et celles de la femme dans le travail agricole diffusées dans les communautés à l’étude ne motivent pas les femmes à développer d’autres compétences agricoles que celles qui leur sont traditionnellement attribuées. Partant, les acteurs à l’étude considèrent que cette forme d’organisation du travail agricole participe à la fois à la stabilité des relations sociales au sein du couple et à la rentabilité de l’entreprise familiale. En générale, le texte montre que les rapports de pouvoir qui prévalent dans l’espace domestique façonnent la construction des compétences agricoles et l’accès aux ressources productives.

Mots-clé: Genre, division sexuée du travail, cacao, agriculture familiale, Côte d’Ivoire.

 

Abstract : This article is based on the observation that the sexual division of labor in cocoa farming persists despite the gradual entry of women as farm owners. It aims to analyze the factors that contribute to the reproduction of this sexual division of labor in family farms in two villages in the Bonon department. The data set is based on semi-structured individual interviews with male cocoa farmers, the wives of cocoa farmers, and the leaders of indigenous, immigrant, and foreign communities. The results reveal, on the one hand, that technical skills in cocoa farming are associated with masculinity, while femininity is linked to technical incompetence. In the minds of the actors studied, this activity is perceived as a masculine world that promotes values contrary to those of the female gender. On the other hand, it appears that the values of functional complementarity between the technical skills of men and women in agricultural work, which are widespread in the communities studied, do not motivate women to develop agricultural skills other than those traditionally assigned to them.  Therefore, the actors studied consider that this form of agricultural work organization contributes both to the stability of social relations within the couple and to the profitability of the family business. In general, the text shows that the power relations that prevail in the domestic sphere shape the development of agricultural skills and access to productive resources.

Keywords: Gender, sexual division of labour, cocoa , family farming Côte d’Ivoire.

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